En inventoriant les archives de Camille Gagnon dĂ©tenues Ă la bibliothĂšque de la SociĂ©tĂ© dâEmulation du Bourbonnais, nous avons dĂ©couvert une « rĂ©clame » vieille de 120 ans ! La lecture de cette archive a retenu toute notre attention et nous aimerions vous la faire partager.
« La Voiture Bourbonnaise
Il nâexiste pas de plus grande satisfaction pour un inventeur que celle de voir ses concitoyens et ses concurrents mĂȘme reconnaitre et apprĂ©cier Ă sa juste valeur lâobjet de ses recherches.  Cette satisfaction que jâĂ©prouve au plus haut point en voyant le succĂšs de ma voiture Bourbonnaise dont lâusage sâest si promptement rĂ©pandu, et dont la vente a pris un dĂ©veloppement si grand que jâai Ă©tĂ© amenĂ©, par la force des choses, Ă grouper et installer un noyau dâouvriers spĂ©cialistes dans chaque partie de la construction de cette voiture. Ces ouvriers sont arrivĂ©s par un travail constant et identique, Ă une habiletĂ© de main dâĆuvre hors ligne : ce sont des garanties de premier ordre que la clientĂšle apprĂ©cie avec raison.Â
Est-il nĂ©cessaire de rappeler et dâĂ©numĂ©rer ici les avantages des perfectionnements successifs et trĂšs Ă©tudiĂ©s apportĂ©s dans la fabrication de la Bourbonnaise Voisin-Ray ? Faut-il dire que la suspension (jâai deux modes de suspension Ă©quivalents et applicables Ă toutes les voitures Ă deux roues) point qui prime le reste surtout dans un vĂ©hicule de ce genre destinĂ© Ă rouler dans des chemins souvent mal entretenus, rĂ©sume ce qui a Ă©tĂ© fait de mieux jusquâĂ ce jour ? Ce rĂ©sultat a Ă©tĂ© obtenu par diverses dispositions et entre autres par celle dâun ressort compensateur mu par une jumelle spĂ©ciale qui donne une douceur de suspension constante : quelle que soit la charge de la voiture, les cahots sont amortis complĂ©tement. Disons en passant que ce systĂšme dont je suis lâinventeur a Ă©tĂ© en butte aux attaques sous prĂ©texte de contrefaçon, ce qui est une preuve de sa valeur : mais je me hĂąte dâajouter que ces attaques ont Ă©tĂ© vaines, mon brevet Ă©tant bien pris et mon invention bien caractĂ©risĂ©e).Â
Le mouvement de vannage produit par le trot du cheval est annulĂ© par un ressort Ă crĂ©maillĂšres reliĂ© aux brancards : ceux-ci sont articulĂ©s en avant, câest-Ă -dire jouent librement autour dâun pivot : ces dispositifs isolent complĂ©tement la caisse du train, consĂ©quemment cette derniĂšre ne rĂ©pond Ă aucune des secousses des brancards.Â
Le palonnier se maintient toujours droit Ă lâaide dâun serrage qui compense lâusure, il est en outre montĂ© sur chape de sĂ»retĂ©. Quant Ă la forme, au chic, si je puis me servir du terme consacrĂ©, les tĂ©moignages que jâai reçu de mes clients les plus Ă©clairĂ©s et les plus connaisseurs, de mes confrĂšres les plus savants et les plus expĂ©rimentĂ©s me permettent de croire que jâai Ă©tĂ© heureux dans la composition dâensemble et les proportions de cette voiture.Â
Mais si ne suffirait pas encore, Ă mes yeux, Ă justifier le succĂšs de la Bourbonnaise, si une peinture parfaite obtenue par des procĂ©dĂ©s dont la valeur est consacrĂ©e par lâexpĂ©rience, nâen faisait un vĂ©ritable objet de luxe â la finition dĂ©fie toute comparaison et la soliditĂ© de cette peinture est absolument garantie. (Toutes mes peintures de voitures sont faites aujourdâhui par ces mĂȘmes procĂ©dĂ©s.)Â
Que pourrais-je dire encore de plus flatteur au sujet de ma capote, si ce nâest que, lĂ encore, la contrefaçon essaie de sâemparer de ma propriĂ©tĂ©, bien spĂ©cifiĂ©e cependant dans mon brevet, propriĂ©tĂ© qui rĂ©side surtout dans lâĂ©ventail et lâarrĂȘt du cerceau de derriĂšre sur le pied du porte Ă©ventail, lequel arrĂȘt maintient le cerceau de derriĂšre plus ou moins inclinĂ© suivant les besoins, plus le ressort au cerceau de devant. Jâai dĂ©jĂ dĂ©clarĂ© et je rĂ©pĂšte ici : que ceux qui sans vergogne se livrent Ă la contrefaçon de ces organes sâexposent Ă des poursuites, Ă des dommages-intĂ©rĂȘts Ă©levĂ©s, indĂ©pendamment des peines correctionnelles.Â
Si cette capote tente la contrefaçon, câest qu’il est permis de la manĆuvrer avec une facilitĂ© extrĂȘme soit pour la relever, soit pour la rabattre, et que, lorsquâelle est relevĂ©e, sa rigiditĂ© est absolue ; et ceci, quâon le remarque bien, sans le secours de compas comme dans les capotes ordinaires, quâon ne peut manĆuvrer sans ĂȘtre dâune certaine force ; dans tous les cas il faut descendre de voiture ce qui nâa pas lieu avec mon systĂšme dont tout le fonctionnement se commande de lâintĂ©rieur. Enfin lâun des plus grands avantages des organes qui la composent, câest que toutes les parties Ă©voluent en mĂȘme temps, que les cerceaux ne peuvent sâentrechoquer, quâabaissĂ©s ils ne peuvent appuyer les uns sur les autres. Par cela mĂȘme le cuir ou le caoutchouc nâest pas percĂ© par le frottement.
Le drap est appliquĂ© par un nouveau procĂ©dĂ© Ă lâintĂ©rieur des capotes en caoutchouc. Jâai pu rĂ©ussir Ă composer un vernis pour lâentretien de ce caoutchouc lequel lui donne le brillant et la souplesse du neuf. Le systĂšme ordinaire de matelassure, coussin et dossier est remplacĂ© par des ressorts Ă©lastiques qui ont lâavantage immense sur le crin de conserver lâĂ©lasticitĂ©.
Tous les perfectionnements que je viens de signaler sont dus Ă une longue pratique et Ă lâexpĂ©rience, mais aussi je le reconnais sans arriĂšres pensĂ©es, aux remarques judicieuses, aux exigences raisonnĂ©es dâune clientĂšle dâĂ©lite que je nâai eu en quelque sorte quâĂ interprĂ©ter, en y ajoutant lâappoint des connaissances acquises par une longue carriĂšre de travail et de recherches.  Tout en profitant personnellement de ces avantages, puisque lâextension de mes affaires est due en grande partie Ă ma Bourbonnaise, ma clientĂšle en profite aussi parce que, grĂące Ă la main dâĆuvre spĂ©ciale dont je parlais plus haut, Ă lâĂ©conomie sur un loyer qui serait Ă©norme (vu lâemplacement que jâoccupe) si mes ateliers et ma maison nâĂ©taient situĂ©s aux extrĂ©mitĂ© de la ville, route de Chantelle, au faubourg Saint Nicolas, je suis arrivĂ© Ă produire une voiture Ă un bon marchĂ© extraordinaire tout en donnant un produit parfait et rapidement exĂ©cutĂ©.Â
VOISIN-RAY Saint-Pourçain, 21 dĂ©cembre. «Â
Nous avons recherchĂ© qui Ă©tait Voisin-Ray. Nous avons trouvĂ© quâil sâagissait de Jean Voisin nĂ© le 4 juin 1839 Ă Louchy-Montfand, mariĂ© le 23 avril 1866 Ă Saint-Pourçain-sur-Sioule avec Madeleine RAY. Le couple a eu deux fils, Nicolas qui est mort jeune et Charles qui travailla quelques temps dans lâentreprise familiale et qui dĂ©cĂ©dera dans un accident Ă lâĂąge de 25 ans.
Nous aurions voulu en savoir davantage sur cette bourbonnaise. Sâagit-il de la charrette reproduite sur les cartes postales ? Nous ne savons rien sur lâentreprise Voisin, ses productions, âŠ, aussi nous avons dĂ©cidĂ© de poster cette publicitĂ© sur notre page Facebook en espĂ©rant quâelle suscite une aide de la part de nos lecteurs. Merci dâavance de vos contributions.
Michel Morer