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Les billets de confiance en Bourbonnais

Département de l'Allier
La révolution française a engendré une grande incertitude économique. Les affaires ne suivaient pas leur cours régulier, le commerce était nul et les travaux s’arrêtaient faute d’or ou d’argent. Chacun cachait ses valeurs. Ceux qui détenaient de grosses fortunes en or et en argent ont souvent mis à l’abri leur monnaies hors de la France. Même les monnaies en cuivre devenaient rares, beaucoup de pièces étaient fondues pour les besoins militaires.
En 1790 le gouvernement révolutionnaire fait émettre des assignats garantis par les biens nationaux confisqués à l’église et aux émigrés. Ils ont des valeurs allant de 50 à 2000 livres mais ces émissions provoquent une forte inflation et les français perdent confiance dans cette monnaie. Les assignats devaient remplacer bien imparfaitement la menue monnaie car leur valeur était trop importante par rapport aux besoins journaliers des français. En 1791 l’Assemblée Nationale ordonne l’émission d’assignats de 5 livres et en 1792 apparaissent enfin des petites valeurs, 50, 15 et 10 sous.
Mais dès 1790 les plaintes appuyées des commerçants et des particuliers provoquent l’idée de la création de comptoirs d’escompte. En effet, pour pallier au manque de monnaies, les départements, les districts, les communes et même des entreprises privées ou des particuliers furent autorisées par la Convention Nationale à émettre des billets de petites valeurs remboursables en assignats. Ils prirent le nom de billets de confiance parce qu’ils étaient garantis par les émetteurs eux-mêmes, souvent sur la base de la réputation ou de la richesse personnelle de leur émetteur. Ces billets de confiance furent accueillis avec moins de défiance que les assignats par le peuple en recherche continuelle de petites monnaie.
Mais, car il y a un mais, ces billets de confiance étaient émis à la condition d’être échangés dans un espace de temps assez restreint et limité, jusqu’au jour où la Convention jugea la stabilité économique revenue. Elle supprima toutes les caisses d’échange patriotiques et municipales en donnant comme dernier délai pour le retrait des billets et des mandats la date du 1er octobre 1793. Passée cette date, aucun de ces titres ne serait reçu ni en paiement, ni en échange. Ils perdraient alors toute leurs valeurs. Les caisses qui les avaient émis reçurent comme consigne de les détruire en les brulant.
Il est facile de comprendre la rareté actuelle de ces bons. Ceux que l’on connait aujourd’hui ont soit échappé à l’empressement de leur propriétaire de se les faire rembourser, soit au non-respect des consignes données aux caisses pour les détruire.
En bref, les billets de confiance étaient une réponse locale et temporaire à la crise économique et financière engendrée par la Révolution française.
Le Bourbonnais connu comme les autres provinces des émissions de billets de confiance. Chacun des districts avait sa caisse patriotique à l’exception de Moulins dont une société dite « amis de la Constitution » avait, avec le concours de la municipalité, créé un bureau d’échange situé cours Bérulle. Ce bureau échangeait les vendredis, les samedis et les dimanches de 9 heures du matin à midi. Le préposé, monsieur Place avait le titre de receveur-échangeur.
Il y eut pour Moulins des mandats de 50 sous, c’était la plus forte somme. Ils étaient imprimés en bleu sur parchemin fond jaune. Ceux de 25 sous en rouge et ceux de 15 sous en noir sur le même parchemin.
La caisse de Cerilly-Herisson émit des billets de 7 sous qu’elle échangeait dans ses bureaux ouverts les dimanches et les jeudis contre des assignats de 5 livres.
Celle de Cusset-Varennes avait des mandats de 2, 5 ou 8 sous. La caisse était ouverte le mercredi et le samedi matin.
La caisse patriotique de Charroux-Gannat-Saint-Pourçain échangeait des mandats de 3 et 5 sous contre des assignats de 5 livres le mercredi et le samedi matin
Le Donjon ne créa qu’un mandat unique de 5 sous et faisait l’échange tous les jours de 9 heures à midi.
Estivareilles-Montluçon a émis des billets de 3 et de 5 sous.
Et enfin, Bessay-Saint-Loup, Saint-Gérand des billets de 10 sous.
Plusieurs de ces caisses patriotiques échangeaient les billets sans rétribution, tandis que beaucoup d’autres exigeaient un droit fixe convenu à l’avance.
Les clichés photographiques illustrant cet article montrent des billets de confiance qui faisaient partie de la collection personnelle de Francis Perrot.
Michel Morer

Référence :

  • Notice sur les billets de confiance et mandats émis en Bourbonnais en 1790 – Francis Pérot – 1879