Le destin hors du commun de Claude Dellys.
L’année prochaine, en février, il y aura 69 ans, une banale mission de convoyage allait tourner au drame pour le pilote d’essai Claude Dellys, qui à 39 ans seulement, trouva la mort dans un accident d’avion à Gipcy, au lieu-dit Mérolles.
Installé aux commandes d’un prototype de l’Arsenal VG 90, Claude Dellys prend son envol de Melun-Villaroche, à la suite d’Adrien Valette sur Junkers 88, qui le précède de quelques minutes, pour se rendre à Istres, destination qu’il n’atteindra jamais.
Son Arsenal est directement en cause, en effet, l’avion de chasse monoplace équipé d’un seul réacteur va littéralement se disloquer en vol, victime de flutter, (phénomène entraînant des vibrations violentes qui ont brisé les ailerons et l’empennage horizontal de son avion). Comble de malchance, alors qu’il s’apprêtait à s’éjecter, son siège n’a pas fonctionné, en anéantissant ses chances de s’extraire vivant de l’appareil en perdition.
Les hommages lui sont rendus le 25 février 1952 en présence des autorités civiles et militaires du département, du maire de Gipcy, des Ailes Moulinoises représentées par le chef pilote M. Eskenazy, et d’une délégation de l’Aéroclub de Moulins.
Le corps est transféré à Paris et, le mercredi 27 février 1952, se déroula la cérémonie funéraire officielle à l’église Saint-Augustin de Paris en présence de Pierre Montel, secrétaire d’Etat à l’Air, des représentants de l’Armée, dont le général Martial Valin, chef d’état-major de l’Armée de l’Air, de l’ingénieur général Louis Bonte, directeur du Centre d’essais en vol de Brétigny-sur-Orge, et de nombreux pilotes d’essais dont Maryse Bastié, Charles Goujon, Charles Monier, Fred Nicole et Daniel Rastel.
Sa dépouille prit la route de Saint-Honoré-les-Bains (Nièvre) où un nouvel hommage lui fut rendu par les personnalités du département. Il repose depuis l’accident dans l’ancien cimetière de cette commune.
Avant la seconde guerre mondiale, Claude Dellys fut pilote de chasse. Pendant la guerre, il rejoignit la Résistance. Après la guerre, il devint l’un des premiers pilotes brevetés d’hélicoptère (au USA en 1947) et se distingua dans les essais de nombreux prototypes d’avions, notamment l’avion NC 1071 à réaction.
60 ans après, en 2012, plus de 150 personnes -autorités civiles et militaires, associations d’anciens combattants, élus locaux etc.- ont rendu hommage, sur la place de l’église de Gipcy, devant le monument aux morts du village, à ce pilote d’essai hors pair qui s’est crashé dans cette campagne bourbonnaise.
Lors de la cérémonie lui rendant hommage, deux Mirages provenant de la base militaire aérienne de Reims ont survolé Gipcy. Nul doute que Claude Dellys aurait apprécié le spectacle.
Ce chevalier du ciel savait, lucide, que sa vie aventureuse ne lui laisserait pas le loisir de vieillir. Il n’a d’ailleurs jamais voulu se marier, jugeant son métier « trop dangereux pour risquer de faire une veuve et des orphelins ».
Il totalisait plus de 4.200 heures de vol sur une centaine d’appareils différents.
Michel Moreau