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A la découverte d’un ancien quartier de Moulins.

Moulins
Le quartier compris entre la rue d’Allier, la rue de la Flèche et le cours Jean Jaurès a été maintes fois transformé au cours des siècles en ce qui concerne l’urbanisme, l’activité économique et les différentes catégories de population  L’implantation des immeubles s’est beaucoup modifiée entre le XVe et le XVIIe siècle. Par contre, la différence a été moins sensible entre ce dernier et l’époque actuelle.
Au XVe siècle, ce quartier de Moulins était essentiellement habité par de gros commerçants, drapiers par exemple, ainsi que par des bourgeois et des nobles. Certains avaient une fonction au service du duc et de la duchesse de Bourbon ou dans l’administration de la ville ou du duché : procureur général du Bourbonnais, écuyer d’écurie de Madame la duchesse, conseiller, sénéchal , maréchal , notaire du Bourbonnais.
Au XVIIe siècle, le quartier a continué d’être habité par une population bourgeoise parmi laquelle certains exerçaient un commerce et d’autres une fonction administrative non plus sous l’autorité des ducs mais sous celle du pouvoir royal : Président-trésorier de France, Lieutenant en l’Election de Moulins, Trésorier du domaine du Bourbonnais, Receveur général des Tailles, etc…
Autrefois, la rue d’Allier s’appelait rue Billonat entre la rue Voltaire et les cours, rue des Arcis dans sa partie haute et rue des Grenouilles entre la rue de l’Horloge et la rue Voltaire.Quant à la rue de la Flèche, elle s’appelait rue des Carmes.
Aujourd’hui, ce quartier a complètement changé par rapport aux siècles passés tant sur le plan de l’architecture que sur les habitants.
Si jusqu’aux trois quarts du XXe siècle, les rez-de-chaussée de tous les immeubles de la rue de la Flèche et de la rue d’Allier étaient occupés par un commerce, ce n’est plus le cas maintenant. Beaucoup ont cessé leur activité.
Depuis le XVIIe siècle, la porte des Carmes, la porte de Bourgogne, la muraille de la première enceinte qui les reliait et la tour du Bailli au bout de la rue Giraudeau, ont été supprimées. Par contre, la tour Bardelin sur le cours Jean Jaurès a été conservée.
De plus, quelques immeubles ont réussi à traverser les siècles et peuvent ainsi donner un aperçu de l’aspect qu’avait ce quartier du XVe au XVIIe siècle :
– L’Hôtel Henri Olivier (actuellement 95 rue d’Allier) fut au XVIIe siècle la
possession des Du Buysson du Mont et peut-être avant le fief des Billonat, très ancienne famille moulinoise.
– L’Hôtel Babutte (actuellement 83, 85, 87 rue d’Allier) fut construit en 1440 par
Guillaume Cadier, président des Comptes du duché de Bourbonnais, petit-fils de Jean Babutte, maître d’hôtel et secrétaire du duc Louis II de Bourbon. En reconstruisant la maison Babutte, Guillaume Cadier conserva ou refit la chapelle dont l’élégant pignon gothique se voit de la rue. En 1680, l’Hôtel Babutte fut acquis par Jean Coiffier, seigneur de Demoret à Trevol. Depuis, l’immeuble a pris le nom de cette seigneurie et par déformation il est appelé « Hôtel Moret ». Il est aujourd’hui propriété de la Ville de Moulins.
– L’Hôtel de Carmone (aujourd’hui 63 rue d’Allier) a appartenu en 1460 à Anne de
Druy, veuve de Pierre de Carmone. C’est à ses fils qu’est dûe la reconstruction du logis actuel, remarquable par sa tour d’escalier dans la cour intérieure, à la fin du XVe siècle.
Par la suite, la propriété fut vendue par les Filhol de Marcelanges en 1568 à Jean de Lingendes, seigneur du Pouzeux, sous le nom de « La Faulconnière ».
En 1660, l’immeuble fut désigné « Hôtel des Modières ». Marguerite Rocques qui en avait la possession, était la fille de Gilbert Rocques, sieur des Modières.
Au XIXe siècle, il prit enfin le nom d’Hôtel d’Orvilliers pour avoir appartenu au siècle précédent à la famille Guillouet d’Orvilliers. C’est donc dans cette demeure qu’est né en 1710, l’amiral d’Orvilliers, vainqueur des Anglais à la bataille d’Ouessant.
C’est aussi dans cet immeuble appartenant à l’époque au libraire-éditeur, Martial Place, qu’est née en 1845, la Société d’Emulation du Bourbonnais.
– Enfin, deux autres maisons méritent d’être signalées. La première (actuellement
59-61 rue d’Allier) a seulement gardé son aspect ancien dans la cour intérieure. Cet ensemble du XVe siècle est remarquable avec ses pans de bois, ses deux loggias et sa tour d’escalier. Au-dessus d’une des fenêtres de cette tour sont sculptées les armoiries des Cordier de Breuilly, propriétaires des lieux à l’époque « D’azur au chevron d’or accompagné de trois roues de même ». Certains historiens ont d’ailleurs confondu ces armoiries avec celles des Feydeau qui ne figurent pas des roues mais des coquilles.
Quant à la seconde maison qui est située à l’angle de la rue de la Flèche et de la rue d’Allier, une analyse dendrochronologie a permis de fixer sa date de construction en 1411. Possédée par Charlot Cordier, marchand, en 1460, elle présente un étage à encorbellement avec pans de bois. Selon la tradition, lors de son séjour à Moulins en novembre 1429, Jeanne d’Arc aurait été hébergée dans cette demeure.
Georges Chatard
Bibliographie :
-Marie Litaudon- « Moulins en 1460 »- Crépin-Leblond-éditeur –Moulins 1947
-Marie Litaudon- « La ville de Moulins en1660 »- Les Imprimeries réunies- Moulins 1961
-Aubert de la Faige et Roger de la Boutresse-« Les Fiefs du Bourbonnais- Tome II »- Crépin-Leblond-éditeur- Moulins 1936.
-Marcel Génermont-« Vieilles rues, plaques neuves »- Editions des Cahiers bourbonnais- Moulins 1972
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