Antoine Rodier, né en 1840 est commerçant en tissus à Ambert. Son épouse Joséphine Croisier l’aide au commerce. Le couple est très pieux. Quatre enfants verront le jour ; Pierre-Alexandre né en 1866, (il décédera à 1 an), Alexandre, Anna et Antoine.
Anna Rodier est née le 8 juillet 1873 à Ambert. Elle est surnommée « nanotte » par son père.
A 5 ans elle est scolarisée à l’école des Dames Ursulines. C’est une bonne élève. Elle a 13 ans quand son père meurt des suites d’une maladie. L’adolescente a la santé fragile, elle se renferme sur elle-même. A 16 ans, nous sommes alors en 1889, elle apprend la mort de son frère Alexandre parti en Algérie rejoindre un oncle missionnaire. Elle arrête l’école et aide sa mère au magasin. A 20 ans, le médecin de la famille est inquiet de la voir souffrir de la tuberculose. Il la pense perdue car la maladie est incurable à cette époque.
Animée d’une foi profonde, elle décide de se rendre à Lourdes avec sa mère. Son état est préoccupant. Elle est amenée à la grotte sur une civière. Elle prie la vierge Marie avec dévotion. « Si vous me rendez la santé, que ce soit pour faire beaucoup de bien ». Son état commence à s’améliorer. Les deux femmes rentrent à Ambert. Anna semble guérie !
En 1894 son autre frère, Antoine meurt du même mal : la tuberculose.
En 1900 Mme Rodier fait bâtir une belle maison au crépi rose, avenue de Lyon à Ambert, son nom est tout trouvé : Le chalet rose.
En 1903, Anna veut tenir les promesses faites à la vierge Marie, elle demande à sa mère d’accueillir des enfants défavorisés dans leur « chalet rose ». Quinze jours après, une cinquantaine de petits garçons rendaient visite à Anna et deux mois plus tard ils sont quatre-vingts. Dans les mois qui suivirent, ce sont les petites filles qui sont admises au Chalet rose.
Elle leur fait découvrir le catéchisme. Rapidement elle reçoit l’aide d’amies et diversifie l’éducation des enfants. Des cours de mathématiques ou de grammaire sont donnés aux enfants, les petites filles apprennent la couture et les bases d’un foyer.
En 1910 madame Rodier s’éteint. Anna continue son œuvre de patronage.
Au cours de la guerre 1914-1918 elle fait parvenir mensuellement au magasin d’habillement militaire de Clermont-Ferrand plus de 12 000 effets confectionnés par ses protégées.
Anna décide de créer une congrégation religieuse mais se heurte à l’évêque de Clermont Ferrand qui ne soutient pas son projet. Elle rencontre alors le père Hippolyte de la Celle en poste à Moulins qui est le bras droit de Mgr Penon évêque de Moulins, et fonde la congrégation des petites servantes de Jésus, vouée aux enfants et aux familles défavorisées. Elle obtient l’autorisation de Rome.
Le 14 septembre 1917 elle s’établit à Moulins, 3 place de l’ancien palais, tout en gardant un contact étroit avec Ambert. L’installation est compliquée en raison des effets de la guerre. Elle crée des cours du soir et un an plus tard, en 1923, une école d’orientation professionnelle et ménagère.
Le 14 décembre 1919, le père de la Celle est nommé évêque à Nancy. Il demande à Anna d’essaimer le modèle crée à Ambert. Aidée par des bienfaiteurs qui mettent à sa disposition un immeuble et un grand jardin attenant, elle fonde une ruche à Nancy.
En 1935 pour développer les œuvres entreprises, l’école se déplace au 29 cours Jean Jaurès dans un vaste local.
C’est aujourd’hui le lycée Anna Rodier. Il a su se développer tout en gardant les valeurs de cœur de sa fondatrice.
« Que tout jeune soit convaincu qu’il est porteur d’espérance » est la devise d’Anna Rodier qui meurt à Nancy le 16 mars1927 à 01 heure du matin dans sa 54 ème année. Le 18 mars son cercueil est dirigé sur Ambert.
Michel Morer