Place et rue du Jeu de Paume à Moulins n’ont aucun rapport semble-t-il avec ce jeu car leur nom serait plutôt lié à la présence d’une auberge de la Pomme, mais on peut aussi voir dans ce choix l’expression d’une volonté pour ses auteurs de rappeler ce moment fort de la Révolution.
Par contre à Moulins existaient des lieux où se pratiquait ce jeu. Le château possédait un jeu de pauma que C. Condello situe dans le fossé sec à l’est de la cour d’honneur entre la porte Notre-Dame et la tour carrée et elle le signale comme ayant été refait par Catherine de Médicis lorsque cette dernière prend possession en 1559 de son douaire à Moulins. Il semble s’agir alors d’un jeu en plein air. Un petit jeu de paume aurait été situé aux Jardins-Bas, signalé au moment de la convalescence de Louis XIII. On trouve mention aussi d’un jeu de paume, mais cette fois il s’agit d’une salle, qui, en 1773, a été vendue à M. de Pontgibaud, puis détruite en 1775 pour que ce dernier édifie une maison en 1780. Depuis 1700 un autre jeu de paume selon Maurice Bazin se trouvait dans la rue du Petit Ris (actuellement rue de Pont) où coulait le ruisseau de Grillet dans l’ancien faubourg des Carmes.
Le jeu donnait lieu à des paris et enjeux nombreux et à des gains parfois importants qui conduisaient les travailleurs à laisser leur activité pour s’y livrer. Il se dit alors que certaines villes possèdent plus de jeux de paume que d’églises. Cet engouement pousse les autorités à limiter sa pratique au seul dimanche pour les travailleurs.
Le jeu d’abord pratiqué en lançant la balle avec la main utilise ensuite des gants puis ce qui deviendra les raquettes, mais ces moyens inaccessibles aux gens du peuple conduisent à l’expression « jeux de mains, jeux de vilains ». Le jeu qui se tenait d’abord en plein air, parfois dans les rues, est ensuite reçu dans de hautes salles couvertes pourvues de galeries pour les spectateurs destinées d’abord à l’aristocratie. Si la salle du Jeu de Paume, rendue célèbre par le serment du 20 juin 1789 date de 1686, le jeu de paume des Tuileries à Paris est construit seulement en 1860 et inauguré en 1862 sous le Second Empire. Lorsque ces salles deviennent populaires elles sont dites tripots et y sont également données parfois des représentations théâtrales d’où le nom donné aux acteurs d’« enfants de la balle ».
Ce jeu dont l’origine est très ancienne aurait été introduit en Angleterre par le duc d’Orléans durant sa captivité en 1415 après Azincourt et serait donc à l’origine du tennis mais aussi de la pelote basque et autres jeux de balle semblables. Malgré le goût prononcé des rois François 1er et Henri II pour ce jeu, il disparaît ensuite de la cour au XVIIIème s. au profit du billard, mais il survit en Angleterre.
Marie-Thérèse Téty