Dans le nord de l’Angleterre à l’est de Darlington, ville connue pour être le lieu de naissance du chemin de fer, se trouve la base aérienne militaire de Middelton St George qui héberge le 428 SQ RCAF. Le 428ème escadron de la Royal Canadian Air Force est une unité de bombardiers de nuit aux célèbres faits d’armes.
Le 15 septembre 1943 la base est en effervescence. Vers 21 heures, 369 bombardiers décollent pour venir détruire l’usine Dunlop à Montluçon où ils arrivent au cours de la nuit. Cette usine est utilisée par les allemands pour produire du caoutchouc synthétique. L’attaque s’annonçait facile. Un clair de lune éclairait l’horizon, pas ou peu de nuages et un risque limité de riposte anti-aérienne.
A 23 heures 25, les appareils évoluant entre 6 et 10.000 pieds d’altitude commencent à déverser leurs bombes. Ils larguent 52 tonnes de bombes explosives et 103 tonnes de bombes incendiaires. L’objectif est atteint. Les bâtiments sont détruits et un violent incendie fait rage. Malheureusement quelques munitions touchent le village de Saint Victor dans la périphérie de Montluçon, faisant 39 morts et 250 blessés.
Alors que l’équipage du Halifax LK 913 composé de 6 canadiens et 2 britanniques reprend le chemin du retour, il est atteint par un chapelet de bombes incendiaires larguées par un bombardier Stirling qui volait au dessus de lui. Le nez de l’avion est détruit et une aile est en feu.
Deux aviateurs sautent de l’avion et atterrissent dans un champ au nord de Montluçon.
Le pilote tente une manœuvre désespérée. Il perd de l’altitude et survole la forêt de Tronçais, rasant la cime des grands arbres. Il repère une pente couverte de jeunes chênes capables de freiner l’appareil et s’y pose. Une aile se casse, l’avion est brûlé mais le crash ne fait pas de victime. Seul Forman, le mitrailleur en poste dans la tourelle arrière est blessé au dos. Ce miracle se situe dans le hameau nommé « la Bouteille », sur le territoire de la commune du Brethon.
Les rescapés se dispersent 2 par 2 pour éviter d’être capturés. Forman n’est pas en grande forme, il demande à son coéquipier de partir seul et se cache dans des buissons. Il est finalement localisé par un agriculteur qui le fera prendre en charge par des résistants qui le cacheront dans une famille à Ainay-le-Château. Les allemands approchant, il sera transféré dans une ferme dans les environs de Cérilly.
Plus tard, il sera caché à Giat (63) où il retrouvera 3 de ses coéquipiers qui se sont mis au service du maquis. Finalement il regagnera l’Angleterre le 16 novembre 1943.
Les quatre autres camarades d’infortune seront arrêtés par l’ennemi, certains à Perpignan, d’autres à Bourges et seront déportés.
Un monument commémoratif a été érigé sur les lieux du crash, proche du prieuré de la bouteille au Brethon.
Michel Morer