Simone Louise Pinet de Borde des Forest vient au monde à neuf heures et demi du soir le 7 mars 1910 à Royan. Son père Edmond est issu d’une famille nivernaise aisée de militaires de haut rang. Elle passe son enfance au château de Fontorte à Monteignet-sur-l’Andelot près de Gannat.
A l’âge de 19 ans, elle passe son permis de conduire auprès de l’Automobile Club de Vichy. C’est une des premières femmes françaises à l’obtenir.
Un an après elle participe à la course de côte de la Baraque près de Clermont-Ferrand bravant doublement les préjugés sexistes de l’époque, elle court avec sa propre mère comme co-pilote.
Simone prend goût à la compétition et entame une carrière professionnelle impressionnante. Elle court dans des rallyes ou sur piste jusqu’en 1957. En 1931 elle participe au rallye Paris-Vichy et la même année, au volant de la Rosengart familiale court le Paris-Juan les Pins.
Au cours de la seconde guerre mondiale, elle se met au service de la Croix Rouge comme conductrice de camions. A la fin de la guerre elle participera au championnat de France des routiers et terminera à l’honorable 10ème place.
En 1950 elle créée une des première auto-école et enseignera la conduite automobile pendant 25 ans.
En 1973, Simone épouse Ernest Bernard. Elle décède le 15 novembre 2004 à Vichy à l’âge de 94 ans. Elle n’a jamais eu d’enfant.
Sa carrière de pilote :
Après avoir participé à diverses courses dont celle de Paris-Vichy, elle s’engage sur le Monte Carlo en janvier1934 avec son amie Fernande Hustinx au volant d’une Peugeot 301. Elles partent de Bucarest en Roumanie pour arriver dans la Principauté de Monaco. Un périple de 3772 km parsemés d’embuches et d’anecdotes dont une rencontre avec un montreur d’ours en Roumanie, que Simone notera dans un carnet de voyage qu’elle illustrera de nombreux croquis ou dessins. L’équipage féminin affronte la neige, les routes verglacées, le froid intense de l’Europe centrale, et tous les pièges de ces itinéraires difficiles.
Quand le brouillard givrant s’en mêle, Simone est contrainte de rouler avec le pare brise ouvert. Quand la voiture est bloquée dans une congère elle a recours à un paysan local qui vient avec ses chevaux pour tirer la voiture. Les deux femmes s’accrochent et arrivent à Monaco. Elles remportent la Coupe des Dames !
En 1935 elle réitère avec Odette Siko et termine 3ème sur une Triumph de 1232cm³, les deux premières places étant remportées par des voitures beaucoup plus puissantes (3000cm³).
Puis on la retrouve en 1937 sur le circuit ou plutôt l’autodrome de Linas-Montlhéry où en compagnie de 3 autres femmes pilotes Odette Siko, Claire Descollas et Hellé Nice, sponsorisées par les huiles moteur Yacco, au volant d’une imposante Matford Yacco de 3631 cm3, elles battent pas moins de 25 records du monde dont certains sont toujours d’actualité !
On la rencontrera également sur des épreuves telles que la célèbre Mile Miglia ou encore les 24 heures de Spa et bien entendu le Monte Carlo
De toute sa carrière, elle n’aura pas le moindre accident ! Elle est admirée de tous et est soutenue par les plus grands pilotes dont le célèbre Fangio.
Aujourd’hui son nom n’est plus d’actualité mais dans les années 60 cette grande dame était connue de tous. Elle est à l’origine de l’expression populaire « En voiture Simone, c’est toi qui conduis, c’est moi qui klaxonne ! » qui sera reprise à partir de 1962 dans la fameuse émission télévisée Intervilles. Deux villes s’affrontent dans une série de jeux. Une ville est soutenue par Guy Lux et l’autre par Léon Zitrone. Simone Garnier arbitre le jeu et Guy Lux lance à tout va des « En voiture Simone » à l’adresse de sa consoeur.
Michel Morer