La commune de Bagneux, dont l’origine du nom vient du diminutif latin balneolum, bain ou baignade, englobe une partie de la forêt de Bagnolet. Celle-ci dépendait du domaine ducal. Avant la Révolution, la paroisse appartenait au diocèse de Bourges et la cure était à la collation de l’abbaye de Saint-Menoux. Cette localité présente un certain intérêt. Elle possède une église du XIIe siècle dans le bourg, la tombe de L’Ermite dans la forêt de Bagnolet et la motte très spectaculaire du château de Belleperche sur la route reliant Bagneux à Montilly. Il était le centre d’une des 17 châtellenies du Bourbonnais.
L’église Saint-Paul
Cet édifice du XIIe siècle se compose d’une nef sans bas-côtés dont le mur nord a été refait au XVIIe siècle. A l’est, il se termine par une travée droite reliée à une abside en hémicycle. Le clocher de bois à six pans a été édifié au XVIe siècle. Quant à la charpente apparente, elle ne date que du XIXe siècle. L’église possédait une croix de procession qui, pour des raisons de sécurité, a été mise en lieu sûr. Le visiteur peut cependant la voir sur une photo accrochée sur un pilier en entrant. Elle date du XIIIe siècle et on l’attribue à un atelier de Limoges. Cette précieuse pièce d’orfèvrerie religieuse se compose d’une âme de bois recouverte de plaques de cuivre, dorées, estampées et enrichies de pierres de couleur. Le Christ est en bronze.
La tombe de l’Ermite
En forêt de Bagnolet, dans le taillis de la Madeleine, se trouve une pierre tombale sur laquelle est représenté en demi-relief un calice entre deux croix, ce qui permet de la dater du XIVe ou XVe siècle. Elle devait être sans nul doute la sépulture d’un prêtre qui vivait en solitaire. Les fondations d’un petit édifice qui devait être une chapelle dédiée à Sainte Marie-Madeleine ont été découvertes à proximité. Après la mort de l’ermite, ses rares fidèles durent l’inhumer dans cette chapelle et placer cette pierre pour perpétuer son souvenir. Par la suite, l’oratoire est tombé en ruines et la dalle a été déplacée et cassée.
Le château de Belleperche
1. Description – Il ne reste aujourd’hui aucune des constructions qui constituèrent au XIVe siècle le château de Belleperche. Peu à peu abandonné après le siège de 1370, malgré des réparations entreprises par Louis II, il était déjà ruiné en 1569, lors de la visite de Nicolas de Nicolay. Il fut complètement démoli au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Ses matériaux servirent à construire les habitations du voisinage d’une part et d’autre part la seconde enceinte de Moulins. Seul l’emplacement qu’il occupait garde l’aspect général de l’assiette de la forteresse. Les pentes découpées du plateau semblent conserver les formes qui déterminèrent l’implantation des tours et des courtines. Situé sur un coteau, il avait la forme d’un parallélogramme irrégulier. Les fossés qui longeaient les murailles et que l’on peut voir encore aujourd’hui n’ont jamais été remplis d’eau. L’intérieur de l’enceinte était divisé, comme la plupart des châteaux de l’époque, en deux parties. En avant se trouvait la basse-cour dans laquelle étaient construits les bâtiments destinés à loger les soldats et les serviteurs ainsi que les écuries, les magasins à provisions, etc. Au milieu, un puits très profond alimentait en eau toute la forteresse. Sur la partie nord, une seconde cour plus petite que la basse-cour, était séparée de celle-ci par une muraille semblable à celle de l’enceinte. Elle était défendue à l’extérieur par trois tours rondes et une tour carrée servant de donjon et édifiée par le duc Louis II. Un pont-levis donnait accès à ce donjon dans lequel il y avait quatre chambres hautes accompagnées de garde-robes et de chambres secrètes, une grande salle basse et une cave voûtée au-dessous. Autour de cette seconde cour étaient disposées des constructions comprenant une grande salle basse et seize chambres avec leur cuisine et autres offices. Enfin à l’extrémité nord se trouvait la chapelle. Au-dehors, devant la porte d’entrée principale, un monticule factice qui subsiste encore, nous fait supposer qu’il y avait un ouvrage avancé, entouré de palissades pour protéger la porte.
2. Le siège de Belleperche – Ce château fut le théâtre d’un des épisodes les plus retentissants de la guerre de Cent Ans en Bourbonnais. Il nous est relaté par Froissart et le chroniqueur du duc Louis II de Bourbon, Cabaret d’Orville.
Au mois d’août 1369, alors que venait de reprendre la guerre entre les rois de France et d’Angleterre, des routiers gascons, installés dans la région de Niort, avaient obtenu de leur capitaine la permission d’aller à l’aventure. Arrivés en Bourbonnais, ils apprirent que le château de Belleperche était fort mal gardé et que la duchesse douairière, Isabelle de Valois, mère de Louis II et de la reine de France, y résidait. Les routiers, qui étaient quelques centaines, agirent par surprise : une trentaine d’entre eux, qui avaient revêtu par-dessus leurs armures des habits de paysans, se présentèrent au château, porteurs de provisions, car c’était jour de marché. Les gardes les ayant laissé entrer sans méfiance, la forteresse fut occupée sans délai.
Louis II fut averti. Il envoya sur place Griffon de Montaigu et Guillaume de Vichy qui ne purent, dans un premier temps, que mener contre les routiers une petite guerre d’embuscade. Ce ne fut que pendant l’hiver que Louis II, qui avait rassemblé grand nombre d’hommes d’armes, put assiéger Belleperche. Il fallut construire devant la forteresse une sorte de camp retranché et bombarder le château de boulets de pierre qui causèrent de gros dégâts aux toitures. Au bout de trois mois, le camp de Louis II fut, à son tour, assiégé par des Anglais et des routiers appelés en renfort par ceux qui se trouvaient dans la forteresse. Les troupes de Louis II résistèrent et finalement les routiers abandonnèrent le château et rejoignirent les Anglais. Mais ils emmenèrent la duchesse qui ne retrouva sa liberté qu’au bout de trois ans.
Les Anglais et les routiers se replièrent sur Limoise et Pouzy en se proposant de contre-attaquer dès qu’ils le pourraient. Mais le mauvais temps les contraignit à une retraite précipitée qui dégénéra en débandade.
Georges Chatard.