La Gare-Canal de Dompierre.

Connaissez-vous une des particularités de la commune de Dompierre sur Besbre ? Sur le territoire de cette petite ville dynamique sont implantées deux gares. L’une SNCF et l’autre Gare-Canal.

Le canal latéral à la Loire relie Briare à Digoin sur 196 km. Il est ouvert en 1838. Dans la traversée de l’Allier il dessert Gannay-sur-Loire, Paray-le-Frésil, Garnat-sur-Engièvre, Beaulon, Diou, Pierrefitte-sur-Loire, Coulanges, Molinet et Chassenard, sans oublier Dompierre-sur-Besbre où il traverse Sept Fons. Une rigole d’alimentation de la Besbre navigable sur 2,7 km communique avec Dompierre où un port est créé pour acheminer par voie fluviale le charbon extrait des mines de Bert – Montcombroux dont la concession a été accordée en 1832.

Une gare-canal est alors construite en bordure de la rigole, elle est achevée en 1841. Des aménagements permettent d’approcher au plus près de la rigole et ainsi par un système de contrepoids les wagons sont vidés de leur contenus directement dans les cales des péniches.

Le chemin de fer s’impose pour transporter le charbon entre les mines et le port séparés par une distance de 23 km. En raison d’une déclivité naturelle, les wagons chargés de charbon arrivaient au port par simple gravité ! Les wagons vides étaient tractés par des chevaux pour être remontés sur les lieux du bassin d’exploitation. Ce n’est qu’en 1844 que deux locomotives anglaises, baptisées La Fulton et La Denis-Papin, sont affectées à la traction des wagons entre Vaumas et Dompierre dans un premier temps puis entre Bert et la gare de Dompierre Canal un peu plus tard. Un château d’eau est construit pour alimenter les machines à vapeur. La base maçonnée est toujours visible à proximité de la gare-canal. La cuve quant à elle a subi les affres du temps et a dû être démontée. Grâce au rail et au débouché du port de Dompierre, l’essor des mines de Bert est spectaculaire. L’extraction passe de 1250 tonnes en 1836 à plus de 18 000 tonnes quatre ans plus tard !

L’activité portuaire croissante a pour conséquence une importante augmentation de la population de la commune de Dompierre-sur-Besbre. Une nombreuse main d’œuvre est nécessaire aux métiers en lien avec la navigation et les entrepôts de stockage ou de distribution. Un bureau des « feignants » voit le jour. Il désigne le lieu où se réunissent les journaliers qui attendent une embauche. L’appellation « feignant » est bien entendu employée à tort.

Chaque année, les péniches se comptent par centaines. Beaucoup arrivent chargées de produits divers utiles au commerce ou à l’industrie locale tels que du ciment, des produits métallurgiques, du bois, du calcaire destiné à être transformé en chaux, du pétrole, des céréales, du riz, des farines de poissons pour l’alimentation animale. Les péniches repartent chargées de charbon, mais aussi de terres réfractaires extraites à Beaulon, de briques, de minerai de fer de Saint-Léon et des produits agricoles.

Il est à noter que la construction de la voie ferrée, au niveau de la vallée de Graveron sur la commune de Chatelperron, a permis la découverte d’une grotte préhistorique baptisée « la grotte aux fées ». Pour améliorer le tracé de la ligne un éperon rocheux a été rogné. Ces travaux ont permis de découvrir l’entrée de la grotte. Des recherches paléontologiques sont menées par Albert Poirier puis Guillaume Bailleau. La grotte est encore fouillée de nos jours….

L’activité portuaire de Dompierre s’est éteinte progressivement depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Le rail et le développement du transport routier a succédé au transport fluvial par péniche. De nos jours, la voie d’eau est devenue un lieu de loisirs où la plaisance a remplacé l’industrie permettant de garder une vie active au canal. L’ancienne voie ferrée est devenue une voie verte pour la promenade.

Michel Morer.