Les grandes manœuvres sont un exercice militaire qui est l’occasion de tester l’entraînement des troupes et des états-majors. Elles ont aussi pour but de montrer la puissance et la force militaire d’un pays aux autres états.
En cette année 1898, elles ont lieu dans le Bourbonnais entre l’Allier et la Loire dans un polygone ayant pour sommets Moulins, Issy l’Evêque, Digoin, Marcigny et Lapalisse.
Le 16 septembre 1898, Gennetines au Nord de Moulins est le théâtre des opérations des grandes manœuvres du Centre qui ont regroupé près de 40 000 hommes.
Les travaux du Génie ont fait du plateau qui se trouve derrière l’école d’agriculture une sorte de vaste désert où pourront évoluer les troupes. C’est la journée du triomphe que tout le monde attend, celle de la revue de clôture des grandes manœuvres militaires qui viennent de se dérouler depuis plusieurs jours. Très tôt, des milliers de personnes affluent jusqu’à Gennetines pour assister au spectacle.
A 8 heures, les officiers arrivent. Les 8ème et 13ème corps d’armée sous la direction du général de Négrier sont rassemblés en groupes rectangulaires ; l’infanterie à gauche, l’artillerie face aux tribunes et la cavalerie à droite.
Les privilégiés occupent quatre tribunes dressées de part et d’autre de la tribune d’honneur.
A 10 heures, le Président de la République Félix Faure arrive encadré par deux escadrons de chasseurs. Il passe lentement en revue les troupes, puis les honneurs sont rendus au Duc de Connaught, fils de la reine Victoria, qui fait carrière dans la British Army. Le défilé commence. Il se déroule par division entière, applaudi par la foule enveloppée dans un épais nuage de poussière.
Quand les 14 régiments s’arrêtent à 100 m des tribunes et présentent le sabre, un immense cri de « Vive l’armée ! Vive la France » retentit. La revue est terminée, les manœuvres aussi.
Le Président Félix Faure remonte en voiture avec le Duc de Connaught, pour aller prendre le déjeuner servi sous une tente dressée dans la cour de l’école d’agriculture en présence de 146 invités.
Créée en 1888, cette deuxième école pratique d’agriculture de France a formé plus de 400 jeunes hommes au lieu-dit le Thureau à Gennetines.
La première guerre mondiale eut raison de ce centre de formation renommé qui fermera définitivement en 1916.
La période des grandes manœuvres est toujours un beau moment patriotique. Elles furent un succès dans notre région malgré l’affaire Dreyfus qui bouleversait la France à cette époque.
Christine MORER
Anecdotes :
– Le député du Cher, M. Breton, ne s’étant pas découvert assez tôt pour saluer les drapeaux fut pris à partie par la foule et expulsé.
– Au moment où le Président passait en revue les troupes, une cinquantaine de personnes se mis à traquer un lapin qui se réfugia sous les jupes d’une dame qui saisit le lapin et le tua sur le champ. Un gendarme arrivé aussitôt lui dressa un procès verbal pour chasse sans permis ! La dame lui répondit : « mais monsieur, la faute n’est pas à moi, c’est le lapin qui a commencé ».