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La rue Voltaire à Moulins

Moulins
Cette rue a pris le nom de Voltaire, philosophe et écrivain français (1694-1778) en 1881.

Origine

La ville de Moulins s’étant développée de façon radio-concentrique, on peut supposer que la rue Voltaire ait été à l’origine l’emplacement d’un mur d’enceinte primitif limitant la cité à l’Est, avec la rue Diderot au Nord, la rue d’Allier au Sud et le château à l’Ouest.

La rue au XVe siècle

En 1460, elle est mentionnée rue de la Corroierie en raison des corroyeurs qui exerçaient leur métier à proximité des tanneries situées de l’autre côté des remparts.
Le côté ouest de la rue de Corroierie, entre les actuelles rues de l’Epargne et Pierre Petit, était occupé en grande partie par la propriété Bertine dont le sous-sol de l’immeuble n° 1 de la rue Voltaire récemment découvert et restauré est le seul témoin connu. Plus au Nord, au-delà de la rue Pierre Petit, la plupart des maisons étaient séparées les unes des autres par des ruelles qui les isolaient. Enfin, à la suite de ces demeures sans doute à colombages et pignon sur rue, se trouvait le Crot du Verre, une simple excavation qui recevait les eaux de pluie du quartier ainsi que les ordures ménagères de tout le voisinage. D’ailleurs le compte de la Ville de 1456 mentionne une dépense relative au curage du Crot du Verre. L’emplacement est aujourd’hui occupé par l’immeuble n° 27 de la rue Voltaire.
Le côté est de la rue de la Corroierie était bordé de nombreuses demeures entre lesquelles se trouvaient :
– la chapelle des Ménestraux devenue l’église Saint-Pierre (n° 22 et 24) édifiée peu après 1416, sur un emplacement donné par Jehan Bertine aux Ménestraux de la confrérie de Saint-Pierre, érigée en succursale de l’église d’Yzeure ;
– le four bannier de la Ville (n° 26, juste en face de l’actuelle rue Pierre Petit), le seul où les habitants devaient obligatoirement faire cuire leur pain car il appartenait au duc de Bourbon et personne n’avait le droit d’en posséder un à son domicile ;
– la maison du Consulat (n° 32) où se réunissaient les quatre consuls chargés d’administrer la Ville ;
– le puits de Meance alias de Dame Mayence à l’angle de la rue des Prêtres et de la rue Voltaire.

La rue au XVIIe siècle

Par rapport au XVe siècle, la rue de la Corroierie devenue la rue Saint-Pierre, était au XVIIe siècle bordée de propriétés dont l’implantation au sol était très différente. De même, beaucoup de façades avaient changé d’aspect et l’intérieur des parcelles était modifié. D’ailleurs, il est plus facile aujourd’hui de se repérer en comparant le parcellaire actuel avec celui du XVIIe siècle, plutôt qu’avec celui du XVe siècle.
Au XVIIe siècle, le côté est de la rue était bordé de nouveaux immeubles. Seuls remontaient au XVe siècle, le four bannier (n° 26) et l’église Saint-Pierre-des-Ménestraux (n° 20) mais ayant bénéficié d’un agrandissement par l’adjonction de chapelles funéraires. De plus, un cimetière a été annexé sur son flanc nord. Enfin toujours sur ce côté, un immeuble situé au n° 28 a traversé les siècles. Il s’agit d’une construction achetée en 1652 par « Noble André Semyn ».
Comme il a déjà été dit au XVe siècle le côté ouest de la rue, entre les rues de l’Epargne et Pierre Petit, était occupé en grande partie par la propriété Bertine. Au XVIIe siècle, elle fut remplacée par un groupe d’immeubles désigné sous le nom de Maltaverne et qui deviendra l’Hôtel de Ville au XIXe siècle. Au nord de Maltaverne, plusieurs constructions étaient occupées par des boutiques, des écuries et des demeures. Par contre au sud, c’était des immeubles qui donnaient au quartier un aspect plus résidentiel. Au nord de la rue Neuve (rue Pierre Petit) on trouvait sur le côté ouest de la rue Saint-Pierre (rue Voltaire n° 19) le logis du châtelain de Moulins « Noble Pierre Giraud, seigneur de Chaugy à Bessay ». C’était l’immeuble le plus important de l’ilot. Le suivant, n° 21, avait été au début du XVIe siècle, le grenier à sel. Enfin, le n° 27 était occupé par un logis construit au début du XVIe siècle par un membre de la famille Feydeau à l’emplacement du Crot du Verre.

La rue sous la Révolution

La rue Voltaire s’est appelée quelques temps rue de la Loi. Ce nom est d’ailleurs gravé sur une des pierres d’une maison qui fait l’angle avec la rue d’Allier.

La rue depuis le XVIIIe siècle

Depuis le XVIIe siècle, la rue Voltaire a considérablement changé d’aspect concernant les constructions :
– l’Hôtel de Rocquigny.
Il a été acheté par la Ville en 1905 pour agrandir les locaux de l’Hôtel de Ville. Propriété des seigneurs de Champfeu au XVIIe siècle, il fut sans doute modifié au XVIIIe siècle.
– l’Hôtel de Ville.
Il a été construit de 1821 à 1829 sur les plans de l’architecte Agnéty. Le premier étage du bâtiment donnant sur la rue Voltaire a été dès le début affecté à la bibliothèque publique dont le premier fonds provenait des couvents supprimés à la Révolution. C’est aujourd’hui la salle de réunion du Conseil municipal. C’est en 1680 que les échevins de Moulins décidèrent de quitter la Tour de la Geôle qui servait de maison commune. C’est la même année que la Ville acheta l’hôtel dit de Maltaverne situé entre la place de l’Horloge et la rue Saint-Pierre. Depuis, plusieurs acquisitions permirent de réaliser un emplacement suffisant pour la construction de l’actuel Hôtel de Ville.
-l’église Saint-Pierre des Ménestraux et la place Marx Dormoy anciennement place de la Bibliothèque.
L’église fut démolie en 1795.
Sa façade occidentale occupait une largeur égale à l’immeuble n° 20 rue Voltaire plus un débordement de 4 mètres sur la place Marx Dormoy. La création de cette dernière au XIXe siècle nécessita la démolition de deux propriétés existant depuis le XVIIe siècle.
– le Musée de l’Illustration Jeunesse.
Au XVIIe siècle, son emplacement était occupé par la propriété Dubuisson de Beauregard. En 1752, François Cadier de Veauce fit construire un hôtel particulier lequel fut acquis en 1866 par le marquis Moreno de Mora. De 1940 à 1944, les Allemands y installèrent la Komandantur. Devenu propriété départementale après la Libération, l’immeuble fut affecté au service des Affaires sanitaires et sociales et enfin, en 2005, au musée de l’Illustration Jeunesse.
– la Maison du Combattant.
Peu après sa création en 1932, le groupe de l’Allier AGMG (Association Générale des Mutilés de Guerre) décida l’année suivante d’acheter rue Voltaire un immeuble où avait été installée auparavant une manufacture de pâtes alimentaires. La Maison du Combattant fut inaugurée le 18 octobre 1936. Pendant l’Occupation, l’immeuble fut réquisitionné par la justice militaire et le service de cartographie allemand.
Georges Chatard
Bibliographie
– Marcel Génermont : Vieilles rues, Plaques neuves – 2e édition – Moulins – Editions des « Cahiers Bourbonnais » – 1972
– Marie Litaudon – Moulins en 1460 – Crépin-Leblond – Moulins – 1947
– Marie Litaudon – Moulins en 1660 – Moulins-Imprimeries Réunies – 1961
– Journal de l’AGMG – n° 10 – année 2008