A l’intérieur de ses remparts, la plus importante construction de la ville de Moulins était, sans aucun doute, le château ducal .
A l’origine, un simple poste fortifié avait été édifié pour surveiller, d’une part un carrefour de chemins très fréquentés et d’autre part le passage de la rivière Allier qui coulait à ses pieds.
Dans le dernier quart du XIVe siècle, le duc Louis II de Bourbon fit construire un important donjon (la Mal-Coiffée) auquel furent accolés des bâtiments ,entre autres le logis seigneurial, protégés par des structures défensives. Toutes ces constructions étaient réparties autour d’une cour dont le côté nord était fermé par la Salle des Etats située au second étage et dont la façade était dotée d’une rangée d’arcades mais seulement au rez-de-chaussée et au premier étage.
Aujourd’hui, le château édifié par le duc Louis II a en partie disparu. Il reste cependant le donjon surnommé « La Mal-Coiffée », la base d’une tour d’angle sud-est dite « Grosse Tour » située derrière l’imposant immeuble proche de la cathédrale, au style plutôt anachronique, et enfin un bâtiment surplombant la rampe de descente menant autrefois aux jardins.
A quelle époque a pu avoir lieu la suppression des diverse constructions ?
Il semblerait qu’en 1833, Tudot , dessinateur bourbonnais, a pu reproduire sur une gravure publiée dans l’Ancien Bourbonnais, ce qui restait du château du duc Louis II : le bâtiment fermant la petite cour au nord avec ses rangées d’arcades sur deux niveaux. C’est d’ailleurs dans ce dernier que se trouvait la fameuse salle des Etats au 2ème étage. Or Tudot fait figurer un comble à la place de ce 2ème étage. A-t-il vraiment dessiné ce qu’il a vu ou a-t-il fait appel à ses souvenirs avec un peu d’imagination ? Dans son étude sur le château de Moulins parue dans le bulletin de la Société d’Emulation, tome 79, p.542, Célia Condello mentionne qu’en 1776, des destructions commandées par la ville de Moulins ont débuté dans le secteur du logis seigneurial, car celui-ci souffre déjà d’importantes infiltrations d’eau dues à l’absence de soins apportés à sa toiture.
La Salle des Etats était sans doute aussi dégradée et du fait que la prison a été installée dans la Mal-Coiffée entre 1769 et1775, il serait étrange qu’on laisse une ruine juste à côté d’un bâtiment officiel(renseignements recueillis auprès de Célia Condello).
Quant à la grande porte principale, merveille de sculpture et d’élégance, Tudot ne la fait pas figurer car elle a disparu comme le logis seigneurial et la Salle des Etats à la fin du XVIIIe siècle. En ce qui concerne les bâtiments situés à l’ouest de la petite cour, ainsi que la « Grosse Tour » au sud-est, ils ont probablement attendu le XIXe siècle pour être démolis.
Sur le plan établi après 1775 par l’architecte Evezard, les parties hachurées ajoutées à la fin du XXe siècle représentent le parcellaire actuel du quartier.
Georges Chatard