Charles III de Bourbon naît à Montpensier en 1490, meurt le 6 Mai 1527 frappé par une arquebuse en plein sac de Rome. Sa vie tumultueuse se déroule à la pliure du Moyen Âge et de la Renaissance. C’est encore un chevalier médiéval mais il participe déjà au monde de la Renaissance marqué par les intrigues et les tromperies. Orphelin il est recueilli par Anne de France, fille de Louis XI épouse de Pierre de Beaujeu. François 1er le nomme Connétable de France en 1515. C’est une haute dignité qui lui confère le titre de premier officier de la couronne. À la tête de l’armée royale il exerce son pouvoir sur toute la noblesse du Bourbonnais qui constitue alors un véritable état princier. Des problèmes de succession survenus à la mort d’Anne de France et des rivalités avec le roi sont à l’origine des conflits. François 1er humilie le Connétable et organise son procès, fait de lui un traitre un criminel et confisque ses biens. Dans la nuit du 8 Septembre 1523 Charles III quitte son château de Chantelle et part rejoindre les troupes de l’empereur Charles Quint.
L’histoire de Charles III est source de polémiques et de fascination. C’est un dissident qui suscite les passions, tantôt présenté comme un héros tantôt comme un traitre. Chaque époque invente un connétable à sa convenance. Sa vie a donné lieu à une énorme production littéraire, artistique et scientifique avec des synthèses universitaires.
À nouveau des recherches ont été entreprises. Elles s’attachent à un domaine jamais abordé, celui des conditions de la mort du Connétable et du traitement fait à son corps. Cet angle d’approche révèle des pratiques funéraires singulières. Chez les princes, la pratique du fractionnement corporel et la possibilité de disposer différentes parties du corps dans plusieurs lieux de sépultures est très répandue. Ils organisent la mise en scène de leur mort avec tous les rites chrétiens afin de pérenniser leur destinée. Dès la fin du Moyen Âge, le cœur est estimé comme l’organe le plus noble, supérieur au cerveau et il devient un instrument de propagande monarchique. Des écrits d’historiens des XVIIe et XVIIIe siècles affirment que le cœur du Connétable se trouve dans la cathédrale de Besançon. Mais ce message n’a reçu aucune écoute, nous avons décidé de mener l’enquête.
Rien de mieux que de se rendre sur les lieux qu’a fréquentés notre héros. C’est ainsi que l’examen des archives a permis de mettre au jour un document de 1532 révélant le rôle joué par un certain Simon, natif de Besançon qui est à l’origine du transport du cœur depuis Rome jusqu’à Besançon et de son dépôt dans la cathédrale.
La dernière étape est la découverte archéologique du cœur.
Elisabeth Chalmin-Sirop