Biozat, petite commune de l’Allier à l’Est de Gannat fut le théâtre d’un terrible drame le 13 janvier 1811.
Amable et Claudine Albert vivent avec leurs 4 enfants dans une modeste chaumière. Ils possèdent 2 vaches et quelques arpents de terre.
Ce jour là, Madeleine, leur fille aînée de 23 ans estime avoir droit à sa part du revenu de la vente d’un terrain. Elle adresse alors des reproches à son père qui la corrige et lui demande d’aller se coucher. Meurtrie et pleine de rage, elle saisit une hache et fracasse la tête d’Amable, se retourne vers sa mère qu’elle frappe à son tour avant de s’en prendre à sa sœur Gilberte âgée de 11 ans qui se réfugie sous un lit. Son frère Pierre, 13 ans, épouvanté réussit à s’échapper et à donner l’alerte. Madeleine aura le temps d’aller précipiter sa petite sœur Anne, qui n’a que 4 ans, dans le puits du jardin. Les voisins accourent. Madeleine essaie de maquiller son crime en faisant croire que ses parents se sont battus. Elle profite de l’agitation générale pour s’emparer des économies du foyer augmentées du fruit de la vente du terrain et s’enfuir.
Elle est découverte le 20 janvier dans une étable abandonnée. Conduite à Gannat sous la surveillance des gendarmes qui la protègent des coups de bâtons et des jets de pierres de la foule, elle est auditionnée entre le 22 et le 28 janvier.
Transférée à Moulins le 10 février, elle est jugée le 23 février devant la cour de justice criminelle qui la condamne à la peine capitale. Maître Huet, grand- père maternel de Théodore de Banville a été désigné pour la défendre mais il refuse de l’assister.
Après un rapport de Maître Brillat-Savarin (le célèbre gastronome), le pourvoi est rejeté le 20 mars et elle est finalement condamnée à mort. Elle a tué son père, sa mère qui est décédée des suites de ses blessures à l’hôpital de Gannat (ils ont reçu 7 coups de hache), sa jeune sœur Anne morte une heure après l’arrivée des voisins et tenté de tuer son autre sœur Gilberte.
Il est ordonné qu’elle soit conduite sur la place publique de cette ville revêtue d’une chemise rouge, pour y avoir la tête tranchée et qu’elle aura la tête et le visage voilés d’une étoffe noire jusqu’au lieu de l’exécution et qu’elle ne sera découverte qu’au moment où elle sera mise à mort.
Elle est guillotinée le 21 mars 1811 à 14h à Moulins, place des lices (actuelle place d’Allier) devant une foule avide de vengeance.
Claude-Henri DUFOUR (1766-1845), peintre d’histoire naturelle a fondé l’école de dessin de Moulins. Bienfaiteur pour Moulins et l’ensemble du Bourbonnais, il a sauvé de la destruction nombre d’œuvres d’art dont la Bible de Souvigny et le triptyque de la Vierge en gloire entre autres.
Observateur privilégié de ce drame, il rédige un mémoire sur Madeleine Albert, il y raconte le crime et le procès. Claude-Henri Dufour a beaucoup écrit et dessiné tout au long de sa vie et a fait plusieurs portraits de la criminelle Madeleine Albert.
Christine MORER