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Les faubourgs de Moulins au XVIIe siècle

Moulins
Au XVe siècle, en raison de l’augmentation de la population, des habitations s’étaient construites au-delà des portes de la cité, le long des grands chemins de Paris, de Lyon et de Bourgogne.
Au XVIIe siècle, Moulins change d’aspect. Les faubourgs se développent. Plusieurs communautés religieuses s’y établissent, des artisans s’y installent ainsi que des auberges et des hostelleries. Cependant chaque faubourg conserve plus ou moins sa spécificité et de ce fait sa propre identité.

Le Faubourg de Paris

Ce faubourg et celui de Bapaume (rue de Decize) sont peu développés car ils sont les seuls à ne pas posséder d’activités artisanales. Par contre, le faubourg de Paris présente de riches demeures. De plus, son artère principale, la rue de Paris, est très passagère car elle fait partie du Grand Chemin de Paris à Lyon et de nombreuses auberges s’y sont installées ; il convient de citer : « Les Trois Poissons », « L’Ecu de Bourbon », « Le Chapeau Rouge », etc. Enfin il est le faubourg qui compte le plus de communautés religieuses :
– le couvent de la Visitation (à l’emplacement du Lycée Banville) fondé en 1616 sous l’impulsion de Sainte Jeanne de Chantal ;
– le collège de Jésuites (devenu le Palais de Justice) dont la première pierre fut posée le 19 mai 1606 ;
– la chapelle Saint Jean (au coin de la rue du Lycée et de la rue de Paris), démolie en 1878 ;
– le couvent des Carmélites fondé le 28 octobre 1628 ; il se trouvait rue de Decize, il a été entièrement détruit ; seul subsiste le portail d’entrée au no 17 de la rue.

Le faubourg de Bourgogne

Contrairement au faubourg de Paris, le faubourg de Bourgogne ne compte que deux établissements religieux au XVIIe siècle :
– le couvent des Augustins fondé grâce aux libéralités de Mme de Montmorency en 1611.Il serait aujourd’hui situé à l’emplacement de la Résidence Sainte Thérèse, entre la rue des Potiers et la rue Michel de L’Hospital ;
– le couvent des Ursulines fondé en 1616 et aujourd’hui disparu, occuperait l’espace compris entre la rue des Potiers, l’avenue Victor Hugo et la rue du Docteur Jouanin.
Par contre, le faubourg possède deux spécialisations artisanales : le travail du cuir (tanneurs et cordonniers) et la poterie. De longue date, des tanneries ont fonctionné le long du ruisseau de Grillet qui coulait à découvert  rue des Tanneries. Les Tanneries Sorrel ont existé jusqu’en 1976. C’est plus au nord que les potiers étaient installés dans la rue dont le nom en a conservé le souvenir ; ces artisans se sont assemblés autour de cinq grands ateliers : les Guernillon, les Augustins, les Blaisot et Guichard, les Boulot et la faïencerie Meunier.
Enfin, les rues des Potiers et de Bourgogne sont jalonnées de nombreuses hostelleries et auberges pour voyageurs et rouliers, «  l’auberge de la Fontaine », « Les Trois Roys », « Le Cerf Volant », « l’Hostellerie des Quatre Vents ».

Le faubourg des Carmes

Au XVIIe siècle, le faubourg des Carmes n’est pas encore complètement construit. Seule, l’artère principale, la rue des Carmes passant devant le couvent de ce nom et conduisant à la porte de Lyon est bâti. Etant située sur le Grand Chemin de Paris à Lyon, plusieurs hostelleries s’y sont installées : « Le Lion d’Or », « Le Logis Saint-Jacques », « Le Logis des Trois Maures », « La Teste Noire ». Par contre, la rue Monin, la rue des Minimes, la rue des Garceaux, la rue de Villars (autrefois rue de Corbigny), la rue de Refembre, sont plutôt des chemins conduisant à des jardins.
C’est dans ce faubourg que sont regroupés les artisans couteliers dont le commerce prospérera jusqu’au XVIIIe siècle.
Enfin, il compte trois communautés religieuses :
– le couvent des Minimes, dont l’entrée se trouverait actuellement place Cortet, entre la rue Monin et la rue des Minimes, a été installé à Moulins en1621 par Henri de Bourbon, prince de Condé ;
– le couvent des Carmes remonte à 1352. Il a pour origine un don fait à des religieux de passage par un Moulinois Jean Rousseau. De plus, la construction commença de suite grâce aux libéralités de nombreux bienfaiteurs, entre autres le duc Pierre Ier et le seigneur de Toury. Actuellement, de ce couvent, il ne reste que son église (l’église Saint-Pierre) et un bâtiment le long de la rue Delorme ;
– la confrérie des Pénitents Noirs existait à Moulins depuis fort longtemps. Elle fut supprimée à la Révolution. Sa chapelle et son cimetière se trouveraient en bordure de la rue Saint-Martin (actuellement premier tronçon de la rue de Lyon), à environ 50 m. avant l’ancienne porte de Lyon, côté Est.

Le faubourg d’Allier

Ce faubourg, situé entre la rivière Allier et la ville, est habité essentiellement par des mariniers ; quelques maisons conservent encore le symbole (une ancre souvent) qui indique leur demeure. De plus, des artisans dont le métier est lié à l’activité fluviale résident dans ce quartier. On y trouve des cordiers, des cloutiers, des charpentiers. L’établissement d’un port important dû au trafic fluvial intense explique la présence d’au moins deux auberges : celle de «  la Coquille », rue du Pont Ginguet,  celle du « Renard qui prêche aux Poules », rue Félix Mathé.
Sur le plan religieux, le faubourg possède un couvent de Dominicains fondé en 1515 par le connétable Charles III de Bourbon. Il occuperait l’emplacement actuel compris entre la rue du Pont Ginguet et la rue Régemortes. Il n’en reste aucun vestige.
Le faubourg compte deux hôpitaux :
– en 1499, Anne de Beaujeu a fondé l’hôpital Saint-Gilles. C’est actuellement le lycée Saint-Benoît ;
– en 1649, l’hôpital Saint-Joseph est construit grâce à la générosité de Mme de Montmorency. Il a cessé de fonctionner en 1938 et a été remplacé par le Centre hospitalier. L’hôpital Saint Joseph a été complètement rasé. Il se trouverait à l’emplacement actuel de la Salle des Fêtes, de la Médiathèque communautaire et de l’Ecole de Musique.
Dans ce faubourg d’Allier, l’enseignement n’est pas oublié : en 1682, la veuve de Nicolas Fouquet fait don de sa maison aux sœurs dites « Les Filles de la Croix » pour y fonder une école destinée à l’instruction des jeunes filles pauvres de la ville. Cette institution occuperait  l’emplacement actuel du Marché Couvert.
Enfin les mariniers ont leur église sous le vocable de leur patron Saint Nicolas. Cet édifice sera détruit au XIX e siècle pour être remplacé par l’église du Sacré-Cœur.

Seconde enceinte de Moulins

Afin de protéger ces faubourgs qui ont déjà été occupés par les Anglais en 1384, par les Bourguignons en 1418 et enfin pillés par les Huguenots en 1562, il devient indispensable de les entourer d’une enceinte et c’est ce qui fut fait à partir de 1536.
La construction est terminée en 1622 mais elle est devenue inutile avant son achèvement. Cette deuxième enceinte n’encerclera jamais complètement la ville. Son système de défense est différent à l’est par rapport à l’ouest. La partie occidentale, sur le modèle des anciennes murailles, comporte treize tours, la partie orientale, au contraire, présente de profonds fossés avec des angles rentrants et saillants du type des fortifications de Vauban.
Un document conservé à la Bibliothèque Nationale montre une vue cavalière de Moulins au XVIIe siècle. Il permet d’avoir une idée exacte du tracé de la seconde enceinte. De la porte de Paris à la porte de Bourgogne, celle-ci est constituée d’un rempart doublé d’un large fossé et formé d’une série d’angles rentrants et saillants. La rue des Remparts, la rue de Vigenère, la place de Verdun et la rue Robert Perrault suivent assez fidèlement le tracé de la clôture nord-est  de la ville. Ensuite, c’est à travers des propriétés et après avoir coupé la rue du Jeu de Paume et la rue des Potiers que le rempart atteindrait aujourd’hui la porte de Bourgogne près de l’ancien château d’eau. De cette porte jusqu’à la porte de Lyon, l’enceinte continue sur une ligne légèrement convexe. Son tracé se compose de courtines reliées par des redans et suit à peu près la direction du boulevard de Courtais. A partir de la porte de Lyon, les fortifications consistent en un rempart précédé d’un large fossé, muni de tours de flanquement et couronné de créneaux. Ce rempart longe à une distance de 20m. au nord le boulevard Ledru-Rollin et atteint, au bord même de la rivière, la tour Bréchet qui, en 1688, deviendra un magasin de poudre et de salpêtre, d’où son nom actuel de tour de la Poudrière. Après cette tour, l’enceinte suit le bord de l’Allier jusqu’à l’angle de la rue des Pêcheurs et de la rue Félix Mathé après avoir été coupé par le « Grand Portail d’Allier ». La clôture gagne ensuite en ligne droite la place Jean Moulin et se dirige jusqu’au bas de la rue des Fausses Braies. Avant de rejoindre le cours de Bercy et la porte de Paris, elle traverse la cour du lycée Banville.
Georges Chatard
Bibliographie :
Maurice Bazin – « La vie d’une cité : Moulins » – Les imprimeries Réunies, Moulins – 1964
Aubert de la Faige et Roger de la Boutresse – « Les Fiefs du Bourbonnais-tome II » – Moulins Crépin-Leblond éditeur – 1936