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Les petits chanteurs de Noël

Contes et légendes
Une belle eau-forte d’Armand Queyroy (1830-1893), « Chanteurs de Noël » dans le vieux Moulins, nous rappelle cette tradition disparue.
Chaque soir, pendant près d’un mois, du 24 novembre au 22 décembre, sauf le vendredi, une trentaine de petits chanteurs se partageaient les quartiers de la ville.
Ces jeunes garçons, sacarots, c’est-à-dire des jardiniers du faubourg de Chaveau, allaient de porte en porte et chantaient chaque soir 2 couplets.
Leur répertoire était varié, emprunté en grande partie à des recueils imprimés à Dijon.
Les enfants de la rue des Garceaux chantaient ce Noël :
« Pastouriaux, quittez vos troupiaux,
Pastouriaiux, quittez vos troupiaux,
Les chiens dorment
Et j’entends que l’on nous dit,
Qu’une vierge ayant produit,
Grand Dieu quelle merveille !
Pastouriaux, quittez vos troupiaux
Au plus vite
Qu’on apporte le berceau
Cependant que l’Isabeau
Fera de la bouillie
Pastouriaux, quittez vos troupiaux
Et Glaudine
Bercera le dauphin
Et Louison aura le soin
De baliyer la gringe. »
Henry Faure, dans son « Histoire de Moulins » nous précise que si ces chants ne brillent pas par le souffle poétique ni la richesse des rimes, ils se recommandent par leur naïveté.
Ces petits chanteurs, enfants pauvres, recevaient des sous, une buche de bois, des vêtements ou du pain.
La veille de Noël, ils chantaient :
Réveillez-vous, gensses de bien !
Nous n’avons pas chanté pour rien,
Un sou mettez
Dans not’ gousset
Noël ! Noël ! Noël !
Ils se retrouvaient alors au réveillon de Noël pour partager cette quête spéciale.
Un arrêté municipal pris à Moulins en 1866 mit fin à cette tradition, sans aucune protestation de la population qui paraissait complètement blasée sur ces vieux chants.
Christine MORER
Sources :
– Camille Gagnon : Le folklore bourbonnais (3ème partie)
– Pierre-Etienne Noël : Le Bourbonnais de Queyroy
– Henri Faure : Histoire de Moulins (tome 2)