Non le sujet de ce billet n’est pas d’expliquer les origines de la ville de Vichy mais de parler d’un thème beaucoup plus léger, le tissu de Vichy.
Le motif à carreaux se rencontre depuis fort longtemps dans nombre de pays et principalement en Europe.
En France, à Cusset commune proche de Vichy, au début des années 1800, un atelier dirigé par un nommé Antoine Besse-Bergier confectionne des rubans et lacets ainsi que de la grosse toile destinée à des tabliers ou autres vêtements. En 1856, il cède son entreprise qui prend le nom de filature des Grivats au Comte François de Bourbon-Busset.
Celui-ci investit dans du matériel moderne et fait le choix de tisser une toile plus fine avec du coton provenant des grandes cultures américaines de Louisiane ou de Virginie. Il procure du travail à 300 personnes. Il est à la tête d’un des plus grands ateliers de France !
Il modifie les rayures puis apporte de la couleur. Le tissu est devenu plus souple et nettement plus joli.
Napoléon III dirige la France. Pour encourager l’essor industriel, il n’hésite pas à effectuer de nombreuses visites sur les sites de fabrication pour les promouvoir.
D’autre part Vichy, ville thermale réputée est un lieu prisé de l’empereur. Aussi lors d’un séjour en 1863 il demande à visiter la filature des Grivats. L’impératrice Eugénie et les dames de sa cour se passionnent pour le tissu qui prend le nom de « tissu de Vichy ».
La mode de robes en Vichy lilas et blanc ou rose et jonquille est lancée. La ville est fréquentée par le gotha international, la renommée du tissu traverse nos frontières.
Ce tissu a la particularité d’être constitué de fils de trame et de chaîne, teints avant emploi. Ils sont de même nature et ont le même écartement faisant ainsi apparaître le motif de façon identique sur les deux faces. Il y a des carreaux pleins, des carreaux vides et d’autres en demi-teinte.
La fabrique de Cusset est victime d’un violent incendie en 1867. Elle ne reprendra pas son activité. Des ateliers locaux prendront le relais mais la production principale s’établira à Roanne ou Thizy (69).
La mode retombe mais le tissu Vichy perdurera comme linge de maison à la fois robuste et gai. Dans les années 1950 il revient sur le devant de la scène. Il est choisi par l’enseigne Tati pour son logo et ses célèbres cabas, et quand Brigitte Bardot épousera Jacques Charrier en 1959, elle revêtira une robe en Vichy rose et blanc créée par le couturier Estèrel. Le Vichy est maintenant intemporel intéressant beaucoup les créateurs en mal de représentation graphique. Il est prisé du commerce alimentaire où on le voit sur des couvercles de confiture ou pour mettre en valeur pâtisserie, fromage ou charcuterie.
Michel Morer