Les spectacles offerts par les troupes ambulantes au XIXè s. sont d’une grande variété, et même si leur fréquence s’accroît à la saison des courses, ces divertissements s’échelonnent sur toute l’année avec des durées très variables, de quelques jours à plusieurs mois. Les demandes d’autorisation à se produire adressées à la municipalité apportent des informations sur leur nature, sur les lieux où ils se produisent et sur l’origine et les références des demandeurs.
Parmi ces spectacles les cirques, les démonstrations d’animaux savants et ménageries, présentant ours, baleine, tigre de mer ou fosse aux lions, occupent une place importante, juste devant les spectacles de funambules, gymnastes, acrobates et athlètes. Expériences scientifiques de magnétiseurs et physiciens sont aussi fréquentes ainsi que le passage de musées avec figures de cire ou oeuvres d’art, peintures et architecture. Spectacles religieux et historiques comme la reconstitution de batailles, comme celle donnée de Solferino donnée en 1862 par exemple, sont plus rares. Aux théâtres et concerts fréquents s’ajoutent les théâtres mécaniques avec automates mais aussi les panoramas. Vaudevilles et ballets sont annoncés en 1840. Les marionnettes en 1875 sont dites milanaises.
Ces divertissements sont donnés parfois dans des salles de la ville, la salle Mérié, dite Bouffes Moulinois avenue Théodore de Banville, est inaugurée en 1860 par un spectacle d’ombres chinoises présenté par un italien. Elle reçoit ensuite des concerts comme la salle de Flore avenue Lavieuville (Ledru-Rollin), plus rarement donnés dans l’ancien théâtre. Mais le plus souvent les présentations ont lieu dans des baraques de bois et toiles ou dans des voitures, parfois nombreuses jusqu’à une trentaine. Il fallait alors que ces troupes obtiennent une autorisation pour louer les salles ou un emplacement extérieur situé le plus souvent sur le cours Bérulle, actuel cours Jean-Jaurès, parfois sur la Place du Chemin de fer. Les demandes comportaient le nombre prévu de représentations ou la durée de leur présence, de quelques jours à plusieurs mois.
Ces demandes apparaissent souvent signées de noms italiens parfois accompagnées de précision sur la provenance, elles se disent le plus souvent milanaises ou parfois vénitiennes, avec des références relatives aux cours d’Europe, aux pays et aux villes où elles se sont déjà produites. Moulins est une étape sur des tournées allant de ville en ville et certaines troupes repassent chaque année. Quelques -unes, d’origine parisienne, se signalent comme venant du théâtre royal de l’Odéon en 1840 et du théâtre de la porte Saint-Martin en 1860.
Il arrive que ces autorisations soient refusées faute de périodes disponibles car les demandes sont nombreuses. Dans ce cas une entente peut être trouvée avec des particuliers. Les hôtels peuvent aussi être des lieux d’accueil comme l’hôtel du Dauphin qui reçoit un spectacle lyrique en 1861. Aux troupes le plus souvent italiennes mais aussi françaises viennent s’ajouter, à la fin du siècle, des troupes dites anglaises, anglo-américaines et allemandes.
Cette évocation renvoie bien sûr au témoignage donné par Hector Malot en 1878 avec « Sans famille », l’histoire de Rémi emmené par Vitalis sur les routes de France. D’autres formes de divertissement ont fait disparaître ceux du XIXè s. puis, ont été exclus les animaux regroupés dans des parcs naturels respectueux de leur environnement. Seuls passent encore dans les villes quelques cirques avec des spectacles d’adresse, de clowns et d’acrobates.
Marie-Thérèse Téty